Réalité et existence
philosophie métaphysique ontologie note-ébauche
Réalité et réel
Définition ordinaire
Cette définition capture le sens des dictionnaires ordinaires de référence tels que Le Robert ou le Meriam-Wbester
Définition philosophique
La définition de réel est centrale dans le réalisme1.
Définition
Déf. (la) réalité : « ensemble de tout ce qui est réel ».
Définition
Déf. réel : « qui existe indépendamment de ce que l’on en pense, décrit/exprime et conceptualise. »
TODO-vérifier si “exister effectivement” ou “exister en soi” (Aristote) est une bonne définition informelle.
Vérificateur
Sous un autre aspect, un objet réel est un vérificateur (truthmaker)2 : ce qui dans le monde rend vraie une proposition.
Existence
L’Internet Encyclopedia of Philosophy (IEP), dans son entrée « Existence » (rédigée par Michael J. Raven et mise à jour récemment), aborde le sens intuitif et originel de l’existence comme une affirmation primordiale de l’être, radicalement opposée au néant ou au non-être (« n’être rien »). Elle le conçoit non comme une propriété abstraite ou additionnelle, mais comme une présence affirmative et positive – une intuition pré-théorique qui rend compte de la « plénitude » du réel contre l’absence totale. L’article insiste sur le fait que cette intuition n’est pas univoque : l’existence est plurielle, avec des « modes » variés (existence comme « présence-à-la-main » pour les objets spatio-temporels, ou comme « prêt-à-main » pour les outils chez Heidegger), ce qui évite de la réduire à une simple quantification logique (comme chez Frege : l’existence comme « déni du nombre zéro »).
Le X peut être pratiquement n’importe quoi :
- Chose Matérielle : “Cet arbre”, “La Lune”.
- Événement Factuel : “La Révolution française”, “La découverte d’un nouveau virus”.
- Concept Abstractionnel : “Le nombre 5”, “La Justice”, “Une loi physique”.
- État ou Qualité : “Le froid”, “La beauté”.
Oui, Harry Potter a une réalité en tant que personne de fiction, mais cette réalité est de nature idéale ou textuelle, et non pas concrète ou physique.
En philosophie de l’art et en ontologie, on distingue souvent plusieurs types d’existence ou de réalité. Le statut de la fiction est généralement considéré comme une réalité de second ordre ou une réalité textuelle/sémantique.
1. La Réalité Fictive (ou Intra-Textuelle)
L’affirmation “Harry Potter a une réalité en tant que personne de fiction” signifie :
-
Statut ontologique : Il n’est pas “rien”. Il est une entité qui possède des propriétés définies de manière cohérente au sein d’un univers de discours spécifique (le canon de l’œuvre de J.K. Rowling).
-
Identité Stable : Il est un objet culturel identifiable et reconnu. Lorsque vous parlez de Harry Potter, tout le monde sait de qui vous parlez et quelles propriétés il possède (ex. : il est un sorcier, il a une cicatrice en forme d’éclair, il est le meilleur ami de Ron et Hermione).
-
Opposition à l’Absence : Il a une réalité fictionnelle par opposition à un concept vide ou une simple erreur. Si je dis “Le sorcier nommé Glouglou Plok existe”, ce personnage n’a aucune réalité, même fictive, s’il n’a jamais été créé, écrit ou reconnu.
2. Distinction Cruciale
Il est fondamental de maintenir la distinction suivante :
-
Réalité Primaire (Concrète) : Ce qui existe dans le monde physique et factuel. Harry Potter n’a pas cette réalité.
-
Réalité Secondaire (Idéale/Fictive) : Ce qui existe comme création de l’esprit, comme objet sémantique, ou comme convention culturelle/textuelle. Harry Potter a cette réalité.
A. La Contre-Épreuve (Ce qui n’a PAS de réalité)
Dire que “X a une réalité” est une affirmation ontologique forte, qui exclut :
- L’Illusion : Un mirage n’a pas de réalité.
- L’Erreur : L’idée que la Terre est plate n’a pas de réalité factuelle.
- Potentiel latent : Une graine en tant qu’arbre mature (puissance sans acte accompli).
- Illusion subjective : Un mirage dans le désert (perception erronée sans existence matérielle).
- Mythe inventé : Le Père Noël (construction narrative sans réalité historique ou physique)
ChatGPT :
« X a une réalité » signifie essentiellement :
Il y a quelque chose qui correspond à X — X n’est pas purement fictif ou imaginaire ; X est « instancié » d’une manière ou d’une autre.
Autrement dit, ce n’est pas seulement une idée vide : il existe au moins un réalisateur, un exemplaire, ou une base factuelle pour dire que X est vrai/présent dans le monde (au sens large).
Cela inclut :
- des choses concrètes : une table, un arbre ;
- des choses abstraites : un nombre, une relation, une loi scientifique, une structure logique, un fait ;
- des choses sociales : une monnaie, un contrat ;
- des choses passées : les dinosaures (qui n’existent plus mais ont « une réalité » en tant qu’êtres ayant existé et laissé des effets).
Relire dans le Lalande.
Définition générique
Déf. exister : « être quelque chose » (par opp. à rien, au néant).
Définition
Déf. quelque chose :
- indéfini qualitatif : « une chose (en tant que telle, une chose non spécifiée) ».
- indéfini quantitatif : « au moins une chose ».
Définition
Déf. chose : « ce qui a des propriétés ».
La définition technique suivante s’est imposée sous l’influence de Frege3 et Russell4 :
Définition technique
Déf. existe : « est instancié ».
- symbolique :
- si est un terme singulier : existe
- si « être » est un concept/prédicat : « être » existe
- informelle :
- « il y a au moins une chose qui est »
ou- « il y a quelque chose qui est »
TODO-vérifier concept/prédicat
Exemples :
- Les chevaux existent
les chevaux sont instanciés (le concept/prédicat « être un cheval » est instancié)
il y a au moins une chose qui est un cheval
- Les voitures bleues existent
les voitures bleues sont instanciées (le concept/prédicat « être une voiture bleue » est instancié)
il y a au moins une chose qui est une voiture bleue.
- Caroline existe
Caroline est instanciée (le terme singulier « Caroline » est instancié)
il y a au moins une chose qui est Caroline.
L’existence est une propriété de second ordre.
Par exemple, dans « Socrate existe », ce n’est pas une propriété de l’objet Socrate, mais une propriété du concept de l’objet : le concept « être Socrate » a la propriété d’être rempli/instancié.
Ce qui est instancié, c’est toujours une propriété (ou un prédicat monadique), jamais un nom commun.
En logique et en méta-ontologie analytique contemporaine :
- « cheval » est un nom commun (common noun) → il désigne une classe ou une sorte (sortal).
- « être un cheval » (ou « … est un cheval ») est un prédicat monadique → c’est une propriété (property) ou un concept propositionnel.
Or, seules les propriétés/prédicats sont instanciées au sens technique. Un nom commun tout seul (« cheval ») n’est pas directement instanciable ; il faut le transformer en prédicat pour pouvoir dire qu’il est satisfait par quelque chose.
C’est pourquoi, dans les textes les plus précis (et c’est le standard absolu depuis Frege, Russell, Quine, Geach, Dummett, jusqu’à 2025), on écrit systématiquement :
- ✔ « le concept être un cheval est instancié »
- ✔ « la propriété d’être un cheval est instanciée »
- ✔ « le prédicat ‘… est un cheval’ est instancié »
et jamais :
❌ « le concept cheval est instancié »
❌ « le concept de cheval est instancié »
Grok 4.1
Chez Quine et Meinong
Quine5 et Meinong6 avancent une définition spécifique — influente mais non consensuelle — qui réflete leurs théories, respectivement basées sur des approches pragmatique et phénoménologique, en raffinant la définition générique par l’ajout de critères de spatio-temporalité et causalité :
Définition spécifique à Quine et Meinong
Déf. exister : « être instancié par au moins un objet spatio-temporel et causal ».
Existence vs réel
Pour Quine, l’existence est un engagement ontologique naturaliste : elle est déterminée par ce qui est quantifiable dans nos théories scientifiques, impliquant causalité et spatio-temporalité (e.g., “être la valeur d’une variable liée” dans une physique régimentée). Cependant, le “réel” ajoute une couche épistémique : il désigne ce qui est indépendant non seulement des constructions mentales individuelles, mais aussi des schémas conceptuels humains collectifs (e.g., nos théories pourraient être révisées, mais le réel persiste au-delà). Chez Quine, un objet existant pourrait théoriquement dépendre causalement d’événements mentaux (e.g., un artefact culturel comme une statue, causé par des intentions humaines), mais il reste existant s’il a un rôle causal spatio-temporel. Le “réel” exclut plus strictement toute dépendance linguistique ou apparente, rendant les deux concepts proches mais non identiques – l’existence est plus “pragmatique” (liée à l’utilité scientifique), tandis que le réel est “métaphysique” (indépendance absolue). Par exemple, Quine pourrait accepter des entités abstraites comme existantes si elles sont indispensables causalement (e.g., ensembles en mathématique physique), mais pas nécessairement comme réelles si elles dépendent de nos langages.
Chez Meinong, l’existence (Sein) est explicitement limitée à la causalité spatio-temporelle, distinguée de la subsistence (Sosein) pour les objets non-existants mais “réels” en un sens intentionnel. Le “réel” n’est pas équivalent, car Meinong permet un réalisme élargi où des objets subsistant (e.g., propriétés abstraites ou fictifs) sont “réels” au sens où ils ont des propriétés objectives, même dépendantes des actes mentaux (intentionnalité). Votre définition du réel (indépendance des constructions mentales) aligne avec l’existence meinongienne, mais pas avec la subsistence, qui est dépendante tout en étant “réelle” pour certains néo-meinongiens (e.g., Graham Priest argue que des impossibles subsistent réellement dans des domaines ontologiques). La différence clé : l’existence met l’accent sur la concrétude causale (ce qui “agit” indépendamment), tandis que le réel pourrait inclure des entités non-existantes mais indépendantes des apparences subjectives (e.g., un triangle abstrait subsiste réellement, indépendamment de perceptions individuelles, mais sans causalité).
Source : Grok 4.1
TODO-reformuler notamment le rapport aux théories scientifiques chez Quine.
TODO-vérifier différence entre conception de Quine et Meinong.
Chez Aristote, Thomas d’Aquin et les existentialistes
Définition traditionnelle peu usitée dans la littérature contemporaine, mais demeurant influente dans la littérature historique7, médiévale8 et continentale (notamment chez les existentialistes)9 :
Définition spécifique à Aristote, Thomas d'Aquin et les existentialistes
Déf. exister : « être en acte ».
C’est-à-dire actualiser une essence ou un potentiel dans le monde réel, par opposition à la simple possibilité ou conception mentale.
https://gemini.google.com/app/7059ffc2ce0d300e
https://grok.com/c/802ca28c-fd62-4fd6-aa61-a0411bc71dcd
Chez Aristote (Métaphysique, Θ, 1048a), « être en acte » (to energeia einai) est l’opposé de « être en puissance » (dunamis): c’est le passage à l’accomplissement total, où une chose n’est plus seulement capable d’être (potentielle, virtuelle), mais est pleinement dans son opération ou son achèvement.
Pas de lien intrinsèque au « monde actuel » comme évaluation : Aristote n’opère pas en termes de mondes possibles (comme Kripke ou Lewis, que nous avons évoqués). L’« acte » est une catégorie ontologique universelle, valable dans la réalité tout court – non indexée à un « ici et maintenant » évaluatif. Dire « être en acte = être dans le monde actuel (celui depuis lequel nous jugeons) » serait une importation anachronique de la logique modale : cela rendrait l’acte relatif à l’observateur (comme un « vrai dans w* »), alors qu’Aristote le voit comme absolu et téléologique (orienté vers la fin propre de la chose).
Avoir une actualité ? TODO-vérifier
TODO-reformuler TODO-développer
- L’intuition première : l’existence comme être (et non comme simple présence empirique)
Origines antiques : Aristote et le to on. Le concept d’existence émerge vraiment avec la philosophie grecque, chez Parménide et surtout Aristote. Pour Aristote (dans la Métaphysique), l’existence n’est pas une « présence » observable dans un monde spatial-temporel actuel, mais une actualisation de la potentia : quelque chose existe quand il est (du grec einai, l’être), c’est-à-dire quand il passe de la possibilité à l’acte. Par exemple, une statue de bronze existe non pas parce qu’elle est « présente » devant nous, mais parce qu’elle réalise sa forme (eidos) dans la matière. L’intuition première est donc ontologique : l’existence est une catégorie de l’être, pas une propriété empirique. Aristote distingue même l’existence des substances (choses concrètes) de celle des accidents ou des essences abstraites, sans la limiter au « monde actuel » – les mathématiques, par exemple, ont une existence intelligible, pas sensible.
Platon et le monde des Idées. Avant Aristote, Platon (dans le Timée ou la République) oppose l’existence véritable (celle des Formes éternelles, immuables) à la simple apparence dans le monde sensible. Ici, l’existence n’est pas ancrée dans le « monde actuel » (le caveau des ombres), mais dans un royaume hyper-réel, transcendant. L’intuition originelle est dualiste : exister, c’est participer à l’Être absolu, pas être « présent » comme un objet physique.Cette intuition première – commune aux Grecs – est donc métaphysique : l’existence interroge l’être en tant qu’être (comme le dira Heidegger plus tard), et non une localisation spatio-temporelle. Elle vise l’essence et la réalité profonde, au-delà de l’expérience immédiate.
2. Évolutions médiévales : l’existence comme esse (acte d’être)Chez Thomas d’Aquin (inspiré d’Aristote et d’Avicenne), l’existence (esse) est distinguée de l’essence (quidditas). Quelque chose existe quand l’esse est ajouté à son essence : c’est un don divin, une participation à l’Être Premier (Dieu). Avicenne, avant lui, introduit l’idée d’une existence nécessaire (pour Dieu) versus possible (pour les créatures). Là encore, l’existence n’est pas « présence dans le monde actuel » – un ange ou une idée divine existe sans corps ni temporalité. L’intuition reste : exister, c’est être actualisé, potentiellement au-delà du sensible.
Cette tradition scolastique renforce l’idée que l’existence est un prédicat premier, non réductible à une observation empirique. Kant critiquera plus tard cette ontologie en la reléguant au-delà des limites de la raison pure, mais l’origine historique est claire : pas de matérialisme pur.
Audi, R. (2015). The Cambridge Dictionary of Philosophy (3rd ed.). Cambridge University Press.




Lalande, A. (2010/1993). Vocabulaire technique et critique de la philosophie (3e éd.). Presse Universitaire de France, Quadrige.






https://plato.stanford.edu/entries/realism/
https://plato.stanford.edu/entries/existence/
https://iep.utm.edu/existenc/
https://iep.utm.edu/scientific-realism-antirealism/
TODO-sourcer les éditions françaises plus récentes en notes de bas de page et TODO-vérifier qu’on y trouve les définitions correspondantes.
Footnotes
-
Miller, A. (2019, December 13). “Realism”. The Stanford Encyclopedia of Philosophy.
https://plato.stanford.edu/entries/realism/ ↩ -
MacBride, F., Daly C. (2024, September 23). “Truthmakers”. The Stanford Encyclopedia of Philosophy.
https://plato.stanford.edu/entries/truthmakers/ ↩ -
Russell, B. (1989/1905). « De la dénotation » dans Écrits de logique philosophique (trad. Roy, J.-M.), pp. 185-201). Presses Universitaires de France. ↩
-
Frege, G. (1969/1892). « Sens et dénotation » dans Écrits logiques et philosophiques (trad. Imbert, C.) pp. 102-125. Seuil. ↩
-
Quine, W. V. (2003/1953). Du point de vue logique : Neuf essais logico-philosophiques (trad. collective). Vrin. ↩
-
Meinong, A. (1999). Théorie de l’objet (1904) et Présentation personnelle (1921) (trad. Courtine, J.-F., de Launay, M.). Vrin. ↩
-
Aristote. (2022/350 av. J-.C.). « Métaphysique » dans Œuvres complètes (trad. collective dir. Pellegrin P., 2e ed.). Flammarion. ↩
-
d’Aquin, T. (1986/1265-1274). Somme théologique (trad. collective). Cerf. ↩
-
Heidegger, M. (1985/1927). Être et temps (trad. Vezin, F.). Gallimard. ↩